#Linogravure - Femmes

Une histoire de gravures, de femmes et d'embruns...

Elle ne porte rien d’autre qu’un peu d’essence de Guerlain dans les cheveux (S. Gainsbourg, Initial BB).

De mars à mai 2020, période d’isolement.

Laissant de côté les plumes et l’encre je commençais à graver dans de petits carrés de 10 x 10 et retrouvais dans cette pratique mon obsession de la ligne.

Je prenais beaucoup de plaisir à laisser aller les gouges sur ces plaques, imaginant jour après jour de nouvelles bouteilles à la mer ou de scènes de Memento Mori.

Comme une ombre, une femme aux cheveux infinis apparut sur quelques unes de ces petites gravures.

Juin 2020, post confinement.

Une envie d’aller plus loin, une envie de révéler un corps.

Hantée par cette chevelure et de sa mise en lumière, je trouvais le premier modèle de nu dans un livre de pratique du dessin que j’avais dans ma bibliothèque.

Je savais qu’une nouvelle quête débuterait, la recherche de modèles inspirants et, inspirés ….

La tête dans le bocal, ou sinon, une mémoire de poisson rouge…

Un jour Lucie me parlait de cette idée, une femme nue avec un aquarium sur la tête.

Cela faisait quelques mois que la première gravure était réalisée et imprimée.

Je ne me souviens plus si j’avais déjà mes modèles de Dina en cartes postale mais je trouvais l’idée sublime.

Dès lors, cherchant des postures en tailleur dans les livres, j’ai brouillonné sur ma plaque, effaçant, recommençant jusqu’à trouver celle qui convenait.

J’aime à imaginer qu’elle rêve des embruns, un peu comme les statuts de Maillol, celles qui sont en bord de mer.

Ainsi, je remerciais ma Lulu pour cette belle idée.

Dina ...

Cela faisait un petit moment que je souhaitais réaliser ces nus de femmes. Une première plaque était déjà gravée mais je n’avais pas de modèle, ni vivant (je n’ai jamais essayé), ni en photo. Un peu frustrée, j’ai gardé au chaud ce projet dans un coin de ma tête.

Le hasard recèle parfois quelques facettes surprenantes.

Quelques mois plus tard, lors d’un séjour de vacances, j’ai visité les terres d’Aristide Maillol.
Et j’ai découvert ses femmes, en bronze, dans ces corps aux formes généreuses, touchantes, entre force et fragilité.

Surprenant !

Des déesses, des amazones.

Une visite dans son ancienne demeure, j’avais enfin trouvé les femmes, mes prochains modèles et Dina, sa muse …

La clé

Dina, sa muse, avait des cheveux très longs, je ne le savais pas encore quelques mois plus tôt lorsque je commençais la toute première gravure de cette série.

Cette femme, dans mon imaginaire, contenait bien des mystères.
Son visage était souvent caché sur les croquis que je possédais désormais.

Dès lors, je pouvais me laisser aller à toute interprétation, et insérer quelques symboles que j’affectionnais particulièrement…

La nageuse

Une des femmes du bord de mer, la nageuse.

Les belles rencontres, les beaux hasards 🖤.

À la fin juin de cette année, j’ai eu envie de finir cette série de 7 femmes. Cela faisait déjà 3 ans que ce projet reposait.

Les symboles lunaires et floraux revenaient, comme un rappel des derniers dessins.

Le modèle, l’huile d’Aristide Maillol s’intitule La Vague.
Il entrait en résonance avec les beaux moments de cette année, ceux qui m’ont donné l’envie de graver à nouveau.

Se souvenir de la mer et rêver de nager ..

La dormeuse

Il ne me restait plus que deux cartes, deux modèles.

J’ai tenté de réaliser celle représentant Dina debout, visible entièrement.. mais cela ne fonctionna pas.

L’heure n’était sans doute pas arrivée pour elle.

Finalement, j’ai préféré m’inspirer de la jeune fille à la draperie, assise et endormie.

Je m’interroge sur les pensées d’Aristide lorsqu’il la dessina pour la première fois. L’imagina t-il debout, perdue dans quelques éparses rêveries?

Lorsque cette série fut terminée, je me suis rendue compte que sa sculpture "la dormeuse" représentait Dina debout, visible entièrement et tenant une draperie dans ses mains.

Une belle synchronicité rejoignait mes deux dernières gravures. Un peu comme si ma dormeuse se levait sur la dernière gravure. 

Une liaison, un peu comme la suite d’une histoire.

(A suivre...)